Dans le cadre du 70e anniversaire du CERN, cet événement a offert l’occasion unique de découvrir comment les instruments et outils de la physique des particules trouvent une application dans les hôpitaux et la recherche médicale. Des médecins, des biologistes et des physiciens ont guidé le public dans cette passionnante exploration, donnant un aperçu de l’avenir des soins de santé et de l’imagerie.
Les intervenants ont abordé trois domaines au sein desquels la physique des particules contribue au développement de nouvelles technologies médicale :
« Traiter le cancer grâce à des accélérateurs »
De la radiothérapie pour traiter le cancer aux produits radiopharmaceutiques : des dizaines de milliers d’accélérateurs de particules sont utilisés en médecine. De nouvelles thérapies ont été rendues possibles par les technologies innovantes développées pour des instruments de pointe, tels que le Grand collisionneur de hadrons.
« Examiner l’intérieur du corps humain »
Depuis la découverte des rayons X, l’imagerie médicale et la physique ont progressé en parallèle. Des détecteurs de particules sophistiqués, qui sont au cœur des dispositifs d’imagerie moderne, permettent aux médecins de poser des diagnostics précoces et précis sur de nombreuses maladies.
« La révolution numérique en matière de santé »
L’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle jouent un rôle crucial en physique des particules, qui intègre rapidement ces outils pour faire avancer la recherche. Des collaborations avec des médecins, des épidémiologistes et des chercheurs conduisent à des avancées décisives pour la préservation ou l’amélioration de la santé de chacun.
Cet événement rassemblant d’illustres spécialistes était animé par le professeur Antoine Geissbuhler, doyen de la faculté de médecine de Genève, directeur de l’enseignement et de la recherche et médecin-chef du service de cybersanté et télémédecine aux HUG.
Intervenants
70 ans de découverte
Ugo Amaldi
Ugo Amaldi, président de la Fondation TERA.
| Bio |
Ugo Amaldi est président de la Fondation TERA en Italie, dédiée au traitement du cancer par hadronthérapie, depuis sa création en 1992. Dans les années 1960, il a travaillé comme directeur de la recherche à l’Institut national de la Santé (ISS), à Rome, essentiellement dans le domaine de la physique des rayonnements et de la physique nucléaire. En 1973, il a rejoint le CERN en tant que physicien expérimenté, spécialiste de la physique des particules et du développement des accélérateurs. De 1981 à 1994, il a dirigé la collaboration internationale DELPHI, qui rassemblait environ 500 physiciens venus de 20 pays différents. Entre 1990 et 2006, il a été professeur de physique à Florence et Milan. Nommé docteur honoris causa par les universités de Lyon, d’Helsinki, d’Uppsala et de Valence, il est aussi membre de la Société européenne de physique et professeur émérite rattaché à l’Université technique de Munich (TUM). La première édition du prix Bruno Pontecorvo lui a été décernée pour ses contributions à l’étude des interactions faibles et à l’unification des forces fondamentales. Sous sa direction, TERA, en collaboration avec le CERN, a développé de nouveaux types d’accélérateurs conçus pour le traitement du cancer. Au cours des 30 dernières années, plus d’un tiers des élèves des établissements secondaires italiens ont étudié la physique à l’aide des manuels d’Ugo Amaldi.
Dario Bressanini
Dario Bressanini, chercheur, écrivain et vulgarisateur scientifique.
| Bio |
Dario Bressanini enseigne la chimie et la technologie alimentaires à l’Université de l’Insubrie à Côme. Son parcours universitaire comprend d’importantes périodes de recherche à l’Université de Californie à Berkeley et à l’Université de Georgetown à Washington. C’est une figure majeure de la communication scientifique, suivie par plus d’un million de personnes sur les réseaux sociaux. Il tient la rubrique « Pentole e provette » (pots et tubes à essai) pour la revue Le Scienze, dans laquelle il aborde la nourriture sous l’angle de la science. Il est également connu comme animateur du programme télévisé « Cosmo, siamo tutti una rete » sur la Rai 3, et des programmes « Moebius » et « Il Gastronauta » de Radio 24, où il explore des sujets mêlant la science et la cuisine. Il collabore avec la Radiotelevisione svizzera di lingua italiana (RSI), et a publié plusieurs livres, dont Pane e bugie (Chiarelettere, 2010), Contro natura (Rizzoli, 2015) – co-écrit avec Beatrice Mautino, La scienza delle pulizie (Gribaudo, 2022), and Fa bene o fa male ? (Mondadori, 2023). Dans Doctor Newtron (Feltrinelli, 2023), Dario Bressanini explore les interactions entre la science et la bande dessinée, en s’appuyant notamment sur sa propre expérience : atteint d’un cancer, il a en effet été soigné par hadronthérapie.
Michael Campbell
Michael Campbell, scientifique expérimenté du CERN, porte-parole des collaborations Medipix.
| Bio |
Michael Campbell est un ingénieur expérimenté travaillant au CERN. Il est porte-parole des collaborations Medipix, qui contribuent à diffuser vers différentes disciplines la technologie des détecteurs à pixels mise au point pour la physique des hautes énergies. Les travaux des collaborations ont abouti au développement de nouvelles approches dans divers domaines, comme la dosimétrie dans l’espace ou la détection des rayonnements dans les salles de classe, ou encore les applications des rayons X dans l’industrie et dans l’imagerie médicale spectroscopique. Ces collaborations sont aussi à l’avant-garde du développement des détecteurs temporels à haute granularité utilisés à la fois au CERN et dans de nombreuses applications de l’imagerie quantique. Michael Campbell a obtenu un doctorat à l’Université de Strathclyde à Glasgow, en Écosse, et il a contribué à plusieurs centaines de publications scientifiques. En 2016, il a été nommé professeur honoraire du département de physique et d’astronomie à l’Université de Glasgow.
Manjit Dosanjh
Manjit Dosanjh, chercheuse invitée à l’Université d’Oxford.
| Bio |
Ancienne conseillère principale au CERN pour les applications médicales, Manjit Dosanjh est maintenant collaboratrice retraitée et professeure invitée à l’Université d’Oxford. Titulaire d’un doctorat en génie biochimique obtenu au Royaume-Uni, elle a mené des recherches dans le domaine de la biologie et des applications médicales de la physique pendant plus de 30 ans, au cours desquels elle a occupé des postes dans différentes institutions universitaires et de recherche en Europe et aux États-Unis, notamment l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), le Laboratoire national Lawrence Berkeley (LBNL), l’Université de Californie et le Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR) en Italie. Elle a rejoint le CERN en 2000, où elle a travaillé sur l’application aux sciences de la vie des technologies développées pour la physique des particules et a mis en place des approches collaboratives pluridisciplinaires au service du traitement du cancer. Elle compte à son actif de nombreuses initiatives visant à développer l’accès à la technologie pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Elle est responsable du projet STELLA, qui porte sur l’utilisation d’accélérateurs linéaires en oncologie, pour l’ICEC (www.iceccancer.org). Manjit Dosanjh est aussi coordinatrice du projet ENLIGHT (Réseau européen de recherche sur la thérapie hadronique par les ions légers).
Antoine Geissbuhler
Antoine Geissbuhler, doyen de la Faculté de médecine, Université de Genève.
| Bio |
Antoine Geissbuhler est doyen de la faculté de médecine de l’Université de Genève, où il est également professeur de médecine et directeur de l’enseignement et de la recherche. Il est aussi médecin-chef au service de cybersanté et télémédecine des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Il a été président de l’Association internationale d’informatique médicale (IMIA) et est membre de l’American College of Medical Informaticians. Après avoir suivi une formation en médecine interne à l’Université de Genève et obtenu une bourse postdoctorale, il a été nommé professeur associé d’informatique biomédicale à l’Université Vanderbilt. Antoine Geissbühler revient à Genève en 1999 pour superviser le développement de systèmes d’information médicale aux HUG. Il dirige le Centre collaborateur de l’OMS pour la cybersanté et occupe la Chaire UNESCO en formation médicale numérique. Son équipe, Hi5lab, travaille sur la santé numérique aux niveaux local, national, européen et international. En 2020, il a lancé le Geneva Digital Health Hub, un programme visant à promouvoir des politiques et des initiatives en matière de santé numérique basées sur les données, comme le réseau sur l’espace et la santé mondiale.
John Prior
John Prior, chef du service de médecine nucléaire et d’imagerie moléculaire, CHUV.
| Bio |
John O. Prior est professeur et chef du service de médecine nucléaire et d’imagerie moléculaire au Centre
hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Après ses études à l’École polytechnique fédérale de Zürich (ETHZ), il a obtenu un doctorat en génie biomédical au Southwestern Medical Center de l’Université du Texas (UTSW) à Dallas et un doctorat en médecine à l’Université de Lausanne. Il a ensuite suivi une spécialisation en médecine nucléaire et a reçu une bourse en tant que professeur associé invité à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il travaille en tant qu’éditeur associé international pour la revue Journal of Nuclear Medecine et est membre du comité de rédaction des revues European Journal of Nuclear Medicine (EJNMMI), EJNMMI Research et Médecine nucléaire et biologie. John Prior est actuellement président de la Société suisse de médecine nucléaire, président de la section de médecine nucléaire de l’Union Européenne des Médecins Spécialistes (UEMS) et chargé de liaison entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Fédération mondiale de médecine nucléaire et de biologie (WFNMB).
Magdalena Rafecas
Magdalena Rafecas, professeure d’instrumentation en imagerie médicale, chef du groupe de recherche en imagerie nucléaire, Université de Lübeck.
| Bio |
Magdalena Rafecas est professeure d’instrumentation en imagerie médicale à l’Institut d’ingénierie médicale de Université de Lübeck, où elle a fondé le groupe de recherche en imagerie nucléaire, qu’elle dirige. Elle est également chargée de la création d’une nouvelle installation consacrée à l’imagerie nucléaire préclinique. Elle est membre expérimenté de l’Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE) et membre élu du NMISC (Nuclear Medical and Imaging Sciences Council) de l’IEEE. Au cours de sa carrière, qui a commencé au CERN et s’est poursuivie dans diverses institutions prestigieuses, telles que l’Université technique de Munich, l’Université de Tübingen et l’IFIC (Instituto de Física Corpuscular) à Valence, Magdalena Rafecas s’est consacrée à l’imagerie médicale nucléaire, en particulier la tomographie par émission et la mise au point de systèmes d’imagerie novateurs. Son expertise porte sur plusieurs types et modalités d’imagerie, comme le paramétrage destiné aux petits animaux ou à des fins cliniques et la vérification des doses dans la thérapie par particules, et couvre différents aspects formels, tels que la modélisation et la reconstruction d’images, ou encore la simulation, les expérimentations et le développement de scanners.
Esther Troost
Esther Troost, coprésidente du département de radiothérapie et radio-oncologie, Hôpital universitaire Carl Gustav Carus de Dresden.
| Bio |
Figure éminente de l’oncologie par rayonnements, Esther Troost est actuellement coprésidente du département de radiothérapie et de radio-oncologie à l’Hôpital universitaire et faculté de médecine Carl Gustav Carus de l’Université de technologie de Dresden, en Allemagne. Elle est spécialisée en radiothérapie de haute précision guidée par l’imagerie : ses recherches mettent l’accent sur la médecine personnalisée dans le domaine de la radiothérapie par émission de photons ou de protons et sur la mise en pratique clinique des découvertes. Autrice de nombreux articles publiés dans des revues de référence et récompensée par de prestigieuses distinctions, telles que le prix Varian de la Société européenne de radiothérapie et d’oncologie (ESTRO), Esther Troost s’attache à rendre la radiothérapie plus exacte et plus précise, et à trouver de nouveaux champs d’application pour cette technologie. Animée par la volonté d’encourager la collaboration mondiale et l’échange de connaissances, elle occupe des postes importants dans des institutions prestigieuses, comme le Centre Helmholtz de Dresde-Rossendorf (HZDR) et OncoRay, le Centre national pour la recherche sur les rayonnements appliqués à l’oncologie. La carrière d’Esther Troost reflète son engagement pour améliorer à l’échelle mondiale le traitement du cancer et les soins apportés aux patients.